Pourquoi travailler le verbe autrement?

  • Difficultés liées à la méthode "traditionnelle": apprendre et faire réciter les tableaux de conjugaison 

Il y a plus de 8000 verbes et certains d’entre eux ont de nombreuses formes orales et/ou écrites. Apprendre les formes verbales à l'école primaire (ou pour un étranger apprenant le français) est une opération complexe et il est difficile de repérer des régularités et une logique dans la présentation habituelle de la conjugaison sous forme de tableaux ( succession de verbes conjugués devant être appris par coeur). En effet, en traitant les verbes un par un, ils mettent en évidence les différences et les "irrégularités" occultant ainsi tout type de réflexion sur un "système" de construction des formes .

  • Utiliser ces tableaux en phase d'apprentissage (et non comme outils de recherche) incite à privilégier l’étiquetage des temps, modes, personnes plutôt que l’usage.
  • Les verbes sont répartis en groupes (et on commence l'apprentissage par là) or reconnaître qu’un verbe est du troisième groupe ne dit pas comment il se conjugue.
  • Les tableaux mettent en évidence des "terminaisons" dans lesquelles on inclut des variations de la base lexicale du verbe (je fin-is au lieu de je fini-s)
  • Avec la présentation des temps composés, des confusions s'installent sur le participe passé du verbe et "l’auxiliaire". Des enfants ne comprennent pas pourquoi tout à coup on met un "s" pour le pluriel alors qu'ils ont appris que c'est "-ent" pour le verbe...
  • On ne s'interesse pas à la forme orale, or il est intéressant de repérer des variations liées au rapport oral/écrit et il existe de nombreuses homophonies: pour une forme orale [E], on peut hésiter entre neuf formes écrites (-er, -ez, -ais, -ait, -aient, -é, -és, -ée, -ées, ).

  • On peut procéder autrement, - en recherchant d'abord des régularités !

Ces régularités existent!

  • Et, pour les observer, ne pas commencer par le classement des verbes en trois groupes! En effet, savoir reconnaitre si un verbe est du 1er (verbes du type « chanter »), du 2ème (verbes du type « finir ») ou du 3ème groupe (tous les autres) est peu utile. Si pour le premier groupe, le critère est essentiellement l'infinitif en -er, le deuxième groupe est fondé sur une particularité de radical en -iss et le troisième groupe contient aussi des verbes en -ir et des verbes très fréquents mais sans aucun repère commun de fonctionnement.
  • On peut établir des listes fondées sur l'observation de régularités dans les "terminaisons" (plus justement appelées "désinences"), régularités liées aux personnes ou aux temps/modes. voir les tableaux au début du répertoire.
    Ainsi, au présent (un des temps les plus difficiles à apprendre), on s’aperçoit qu’on a un ensemble de verbes en –er et de quelques verbes en –ir (classés traditionnellement dans les verbes du 3ème groupe: ouvrir, offrir, souffrir… ) qui, pour P1, P2 et P3s, ont les mêmes désinences (-e ; -es ; -e).
    Un autre ensemble de verbes a, pour P1, P2 et P3s, des désinences (-s ; -s ; -t, avec exceptionnellement -x au lieu de -s pour pouvoir et vouloir ), l'absence de -t pour P3s étant liée à la base verbale (voir par exemple: mettre, prendre)
    On a toujours un -s pour tous les verbes à tous les temps pour P2, –ons pour P4 à tous les temps sauf au passé simple...
    Les désinences de l’imparfait sont toujours les mêmes pour tous les verbes etc.

Les différences reposent le plus souvent sur le radical -ou base- qui change, en particulier dans les verbes les plus fréquents: « être » a 7 bases différentes ; avoir, faire, aller, vouloir et pouvoir en ont 6.  

Une telle étude des formes verbales met en évidence que le participe passé et l'infnitif -qui posent tant de problèmes- sont à part.

      .......................................................................................  - en ne réservant pas un moment particulier à "LA CONJUGAISON"

En général, à l'école ou au collège, on réserve un moment pour "faire de la conjugaison",et le plus souvent il s'agit de paradigmes de terminaisons récités et/ou de cases de QCM à cocher. Rien n'empêche d'étudier un problème de syntaxe et/ou d'orthographe du verbe en lien avec une activité de lecture ou d’écriture, au lieu d'étudier les verbes les uns après les autre. Rien n'empêche de mettre "la conjugaison" en relation avec la réalité de l’expression.

Les activités d' observation et de réflexion sur la construction des formes verbales font partie de l'ensemble des activités liées à l'orthographe.